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UF002 De Schilde, la plus grande ferme urbaine en aquaponie d’Europe démarre sa production le 31 mars 2016

Et se déclare en faillite, suite à celle de sa maison mère à Bâle, en juillet 2018. Voir le lien en bas de page…
 
Non, ce n’est pas en France.
UF001 est à Bâle et produit déjà depuis 2013 cinq tonnes de légumes et 850 kg de poisson par an, commercialisés directement auprès de restaurateurs locaux et deux fois par semaine sur place par Migros. Pour 200 CHF, le site de Bâle se visite (en anglais ou en allemand).
UrbanFarmers, société basée à Zurich et ses partenaires aux Pays Bas viennent d’annoncer la fin des travaux de construction de l’UF002 De Schilde, aux Pays-Bas, la plus grande ferme urbaine en toiture d’Europe, et sa mise en service le 31 mars 2016. Installé sur un toit à 40 mètres de haut à La Hague, UF002 (Urban Farm n°002, notez les trois chiffres pour prendre la mesure de leur ambition) produira annuellement 50 tonnes de végétaux locaux et 20 tonnes de poisson frais, commercialisés en circuits courts.
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Le communiqué de presse assure qu’il s’agit « d’une solution véritablement durable pour cultiver des végétaux et du poisson en cycle clos », avec un minimum d’intrants extérieurs, une consommation d’eau réduite par rapport à la pisciculture et au maraîchage classique et une très faible production de déchets.
C’est bien de l’aquaponie, dont tous les forums et sites de permaculture parlent depuis quelques années. Mais opérationnelle, économiquement viable (ou pas encore ?), et installée sur des territoires urbains pertinents pour ce type de production : Là où se rencontrent des disponibilités de bâtiments industriels valorisables et des débouchés commerciaux locaux pour des produits frais originaux.
Ici, en 2016, l’aquaponie ce n’est que quelques sites pilotes par exemple dans des lycées agricoles, des passionnés qui expérimentent la technique à titre individuel ou associatif, encore à petite échelle, quelques tentatives commerciales de petits systèmes individuels en kits, et enfin, APIVA, le premier programme de Recherche et Développement sur l’aquaponie en France.
N’aurions nous aucune friche industrielles et toitures terrasses disponibles dans ou en périphérie de nos grands centres urbains pleins de « bobos consomm’acteurs » prêts à acheter, consommer et recommander ce genre de produits ? Aucune startups ou entreprise prête à se lancer, y compris avec la franchise UrbanFarmers ?
Mais attention, comme l’explique très bien l’article de Slate, l’aquaponie n’est certainement pas une technique révolutionnaire qu’il faudrait impérativement promouvoir et qui pourrait régler tous les problèmes d’alimentation de l’humanité.
Malgré tout, on peut se demander ce qui freine en France le développement de cette technologie, qui se répand un peu partout sur la planète est qui n’est finalement que l’optimisation et l’artificialisation de techniques traditionnelles.
Certes, l’aquaponie consomme de l’énergie, il faut des pompes pour faire circuler l’eau, des ordinateurs, des capteurs et des automatismes pour la régulation, et certains poussent même le vice jusqu’à utiliser des lampes plutôt que la lumière naturelle pour encore mieux contrôler le système. Dans un pays comme la France, où l’on ne manque pas vraiment d’espace, par rapport à des voisins comme la Hollande, la rentabilité de ce genre de ce genre de dispositif est probablement encore faible, mais ce n’est certainement pas la seule raison.
Avec l’existence d’une filière agricole et maraîchère très règlementée, dépendant d’un ministère de l’agriculture d’un côté, et d’une filière piscicole tout autant règlementée et dépendant d’un autre ministère, la tâche n’est pas facile pour les investisseurs et entrepreneurs qui voudraient se lancer dans ce mode de production mixte et probablement plus innovant du point de vue administratif et juridique que du point de vue technique.
Cette technologie n’est pas la panacée, c’est même peut-être plus « green-tech » que « permaculture », mais après avoir construit et exploité de multiples sites pilotes et démonstrateurs, à l’heure où l’on ne jure que par l’innovation, ce serait peut-être dommage d’attendre que des fermes aquaponiques se banalisent dans toute l’Europe pour réaliser que l’on savait déjà le faire.
Comme les chaudières bois, la méthanisation et j’en passe…

Mise à jour de novembre 2019 : Faillite d’Urban Farmers, premier décryptage ici : http://theconversation.com/agriculture-urbaine-les-lecons-de-la-faillite-durban-farmers-a-la-haye-126885

2 réflexions au sujet de « UF002 De Schilde, la plus grande ferme urbaine en aquaponie d’Europe démarre sa production le 31 mars 2016 »

  1. Pierre dit :

    Bonjour,

    Je peux vous donner un élément de réponse: les salades en Suisse sont vendues 3 euros pièce voire et les Tilapias d’Urban Farmers sont vendus 60 euros/kg tandis que les herbes aromatiques s’achétent une fortune. A ce prix, c’est déjà plus facile de rentabiliser une installation. En France, les salades sont bien moins rentables, les herbes arômatiques sont vendues à 1,5 euro le bouquet, la truite se vend 7 euros le kg …tandis que le Tilapia est interdit pour l’élevage en France. Globalement; les contraintes réglementaires en France sont trop fortes, et c’est ce qui bloque tout.

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  2. Pascal dit :

    Merci Pierre pour ces précisions. Il faut donc comprendre que non seulement les contraintes réglementaires sont plus fortes en France, mais également que les prix de vente trop faibles ne permettent pas de rentabiliser les installations. Vu sous un autre angle, c’est aussi une bonne nouvelle que l’on puisse trouver des salades et des herbes aromatiques à bas prix. Il faut juste espérer qu’elle poussent sur un sol vivant et arrivent sur nos marchés après un nombre raisonnable de kilomètres.

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